Le rebetiko 1

Publié le par tavernier-vellas


Le rebetiko

Genèse

Il est difficile d’expliquer et même de situer dans le temps et l’histoire de la Grèce l’origine de ce courant musical qu’on appelle le rebetiko. Ce que nous en connaissons aujourd’hui s’étend de la fin de la seconde guerre mondiale, vers 1918, jusqu’aux années 1970. Trois grandes périodes de son développement se situent autour des années 30, 40 et 50 du vingtième siècle. Toutefois, on peut affirmer, sans craindre de s’égarer ,que son origine remonte au moins à la fin du dix-neuvième siècle.

Les rebetes

Une musique populaire s’inscrit toujours dans une communauté humaine. Elle est un trait d’union, ou mieux de communion, entre ceux qui la composent. Les rebetes, ou chanteurs de rebetiko, n’était pas issus des classes favorisées. Ils vivaient en contrepoint de la société bourgeoise de leur époque. Leur milieu commun était plutôt les bas-fonds, la misère, l’exclusion. Ils étaient marqués par une vie austère, dure à tout point de vue, et beaucoup cherchaient dans les paradis artificiels et la musique une consolation qu’ils ne  trouvaient nulle part ailleurs. Pour autant, leur désespoir ou leur révolte n’alimentait aucune ambition ou idéologie politique. Toute leur plainte s’exprimait dans les poèmes et la musique qui ont formé le style si particulier du rebetiko.
Cette musique aurait pu n’être qu’un épiphénomène, limité dans le temps et dans l’espace et peut-être passer inaperçue. Mais de nombreux facteurs ont permis de la faire connaître et apprécier du plus grand nombre en Grèce et à l’étranger et ce après la fin de la seconde guerre mondiale.

Les sources et influences musicales

Le rebetiko n’est pas une « world music » avant la lettre. Toutefois, il se distingue de la musique traditionnelle de Grèce de manière radicale et représente un creuset dans lequel se sont fondues en une création originale des influences musicales multiples. L’Asie mineure, qui en fut le principal berceau, était un véritable carrefour des cultures et des civilisations et ce, depuis l’antiquité.
Aussi à entendre du rebetiko de Smyrne, il n’est pas difficile d’y retrouver parfois des accents des chants populaires juifs d’Asie mineure de la même époque. Ce n’est sans doute pas un hasard si l’une des plus grandes interprètes du rebetiko était Rosa Eskenasi, une chanteuse née dans une famille juive qui a passé sa jeunesse à Komitini (Thrace occidentale), à Salonique et à Constantinople (Istambul). Elle est décédée en 1981, à un âge déjà avancé… Manos Hadjidakis, un des plus grands compositeurs de la Grèce moderne, après un moment de réticence avait reconnu le rebetiko comme une des sources vives de la civilisation musicale de la Grèce moderne. Il y voyait un enracinement dans la musique byzantine. D’autres part, l’empire Ottoman regroupait de communautés issues de nombreuses nationalités et cultures différentes dont les apports ne manquent pas d’avoir fécondé ça et là les créations musicales des rebetes : italiens, arméniens, albanais, slaves, tsiganes et bien sûr les turcs. Pourtant, il ne faut pas s’y méprendre le style musical qui en résulte est typiquement marqué par la grécité et dans le cas du rebetiko, influence signifie assimilation et transformation et non pas amalgame.
(à suivre)






Publié dans apmh

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